Quelques extraits d’articles, homélies et conférences du père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD – Quart-Monde.

Source : Le père Joseph Wresinski. Son peuple, sa foi, son Eglise. Extraits de conférences et d’homélies, Association des Amis du Père Joseph Wresinski, Avril 2020

Pour une présentation biographique du père Joseph Wresinski : https://www.atd-quartmonde.fr/notre-histoire/10-joseph-wresinski-1917-1988/

« N’est-ce pas dans les zones du Quart-Monde que nous aurions trouvé l’étable et le Golgotha, si le Fils de Dieu s’était fait homme en notre temps ? »

Revue Igloos, 1973

« On dit que les très pauvres mettent le désordre partout. Ils font plus : ils posent souvent des questions essentielles, celles auxquelles notre ordre ne répond pas. Pas plus que cet ordre ne répond à ce projet de société du Christ que les premiers seront les derniers. 

Imaginons-nous tout ce que les plus défavorisés d’aujourd’hui pourraient révéler à l’Eglise et à la société, si seulement nous nous rappelions que le Christ a remercié son Père de ce que les petits et les humbles ont reçu la révélation demeurée cachée aux savants. Si nous savions comprendre ce qu’ils disent. Leur parole est l’écho de l’Évangile en notre temps. Mais eux ne le savent pas, et nous, nous l’avons oublié. »

Conférence, Fribourg, 1976

« Jésus sait que, sans les riches, la communion n’ira pas jusqu’au bout, mais que sans les pauvres, il n’y a pas d’Eglise. C’est pourquoi il ordonne d’aller les chercher, eux, les lépreux, les aveugles, les boiteux. C’est la cour des miracles qu’il veut à la table de Dieu. »

Homélie, Issy, 1978

« Voilà que le Christ se met à genoux et se fait le plus petit d’entre les siens. Il se fait le serviteur de ces hommes qu’il a choisis, de ces hommes qui portent en eux des aspirations de changement, de transformation de société, de structures.

Ces hommes, qui rêvent d’un changement, qui ont la certitude que la foule est derrière eux, et que, par conséquent, le pouvoir va craquer, va tomber de lui-même, comme une poire mûre, au premier geste du Christ, découvrent que son geste est de s’agenouiller, de leur laver les pieds.

Il leur lave les pieds en leur faisant comprendre que le monde changera, que les structures se renouvelleront dans la mesure où ils seront les humbles serviteurs, les serviteurs des pauvres. »

Homélie du Jeudi Saint, 1980

« Attendre, veiller la nuit et le jour, c’est le sort des pauvres. Attendre le facteur, attendre le travail, attendre l’argent, attendre un ami qui ne viendra pas, un miracle qui changera toute la vie. Être toujours sur le qui-vive pour que l’autre n’ait pas faim, froid, ne soit pas seul. Oui, ils seront les premiers dans le Royaume de Dieu et nous viendrons après, loin après eux.

En fermant la porte aux pauvres, c’est la porte de l’Eglise que nous tenons fermée. En fermant nos cœurs aux pauvres, c’est le cœur de l’Eglise que nous empêchons de battre ! Nous ne sommes pas l’Eglise si nous ne sommes pas avec les pauvres.

Priez, laissez-vous prendre par le Christ, soutenez-vous entre vous pour pouvoir arriver un jour auprès du Seigneur, car c’est impossible, seul, d’aimer les pauvres. Prions sans cesse les uns pour les autres, pour répondre à la soif d’aimer les pauvres. Il faut que nous nous entraidions continuellement pour que les pauvres soient aimés. »

Conférence à l’Abbaye de Sept Fonds, 1981

« À Noisy-le-Grand, je retrouvais aussi une Eglise qui ne savait pas comment accomplir sa mission pour ramener ses familles pauvres en son centre. Pour y ramener, non pas des mendiants à qui on fait la charité, mais les fils de Dieu que l’on honore, puisque, comme n’importe qui, ils peuvent nous parler de l’amour. Tant qu’ils ne sont pas là, l’Eglise ne peut pas se constituer.

Les chrétiens ne peuvent témoigner de la Bonne Nouvelle pour tous, de la résurrection du Seigneur que s’ils s’ouvrent au mystère du Fils humilié et crucifié qui prend dans son mystère toute la détresse des pauvres broyés par le péché du monde. »

Homélie, Montréal, 1982