A la fin de l’été 2022, plusieurs membres du collectif Anastasis se sont mobilisés pour appuyer les efforts des ONG et collectifs qui luttent contre le projet EACOP, porté par TotalEnergies. Plusieurs d’entre nous avaient vu que le Dicastère pour le Développement Humain Intégral avait, par la voix de l’un de ses responsables, émis des critiques très franches pour condamner ce projet. Au début de l’année 2022, le groupe TotalEnergies, soucieux de ménager ses relations avec le Saint Siège, avait alors sollicité une rencontre avec les équipes du Dicastère. Accueillie cordialement, la délégation de l’entreprise livra son argumentaire habituel sur les bénéfices du projet… sans réellement convaincre. Car quoique travaillant au quotidien dans le Palazzo San Callisto, au cœur du Trastevere romain, les membres et experts du Dicastère sont, pour nombre d’entre eux, originaires de pays du Sud global (République Démocratique du Congo, Inde, Philippines, etc.) – où l’expérience que font les populations des multinationales occidentales est pour le moins mitigée.
Souhaitant donner plus d’ampleur à cette condamnation vaticane, nous avons alors décidé de solliciter la hiérarchie épiscopale française, pour lui suggérer de prendre position. Sept ans après la publication de Laudato Si’, et alors qu’un premier cycle de réception de l’encyclique semblait se terminer (multiplication des propositions dans les diocèses et les congrégations, succès de l’initiative « Église verte », etc.), il nous semblait qu’il était peut-être temps d’expérimenter de nouvelles mobilisations du texte papal, plus en prise avec l’actualité socio-politique.
Il nous semblait aussi que l’enjeu de limiter le réchauffement climatique à 2°C était suffisamment crucial, et les critiques émises à l’encontre du projet EACOP, suffisamment robustes et étayées, pour fédérer des jeunes catholiques de toute sensibilités, au-delà des clivages qui marquent l’Église. Notre pari fut vérifié : en quatre jours à peine, plus de 450 signataires furent rassemblés, avec une grande diversité de profils – tant sur le plan des origines géographiques, des occupations estudiantines-professionnelles, que des familles spirituelles (des ignatiens à l’Emmanuel en passant par les milieux diocésains).
La réponse qu’apportèrent les évêques à notre sollicitation intervint après sept mois, au cours desquels nous leur envoyâmes toutes sortes d’informations empiriques et d’avis experts destinés à étayer leur discernement. Leur texte nous a profondément déçu.
La « réponse à la réponse » que nous avons alors rédigé se présente d’un seul tenant : franche, énergique, combative. Elle dit en creux, notre désir de faire advenir une réflexion solide, dans l’Église, sur ce qu’implique concrètement la recherche du « bien commun ». Nous sommes conscients qu’il est impossible d’être catégorique quant au contenu de cette image qui nous mobilise, et dont les figures, mobiles, prennent forme dans la trame changeante de l’histoire.
Mais aujourd’hui, de très nombreux indices se recoupent, et interdisent toute relativisation. La communauté scientifique tire la sonnette d’alarme et multiplie les avertissements : la poursuite des projets d’extraction d’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz) nous mène droit à la catastrophe planétaire. Le Dicastère pour le Développement Humain Intégral, plus discret dans sa parole publique sur le projet EACOP depuis le printemps 2022, n’en a pas moins officiellement appelé – dans le sillage d’une prise de parole du pape François en ce sens, reprise par le cardinal Michael Czerny (préfet dudit Dicastère) – à cesser tous les nouveaux projets d’extraction, sans délai.
Nous espérons ainsi que cette mobilisation des jeunes catholiques français (qui a largement dépassé le cadre d’Anastasis, surtout en ce qui concerne le premier texte) pourra ouvrir la voie à une concrétisation toujours plus grande de l’encyclique Laudato Si’, et permettre ainsi à l’Église de mieux faire signe à toutes celles et ceux qui cherchent, aujourd’hui, les voies d’une incarnation respectueuse de la finitude terrestre.
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Article paru dans La Croix, 3 octobre 2022.
« L’Église de France ne peut rester silencieuse sur le mégaprojet pétrolier de Total en Ouganda ! »
Texte signé par 350 jeunes catholiques.
En cette fête de la Saint-François-d’Assise qui clôture le mois de la Création, nous, jeunes catholiques préoccupés par l’avenir de la planète, souhaitons interpeller notre Église de France – et notamment ses évêques – à propos du mégaprojet pétrolier Eacop (Eastern African Crude Oil Pipeline). Ce chantier titanesque du groupe TotalEnergies vise à construire un pipeline chauffé de plus de 1 400 km de long entre l’Ouganda et la Tanzanie. À bien des égards, il nous paraît incompatible avec la recherche du bien commun. Sur les zones d’extraction, la riche biodiversité du parc de Murchison Falls sera mise en péril?; sur le tracé du pipeline, plus de cent mille personnes seront déplacées et contraintes d’abandonner l’agriculture vivrière?; et, en définitive, les revenus du pétrole ne feront qu’alimenter la corruption du régime dictatorial du président ougandais Museveni, qui musèle brutalement toute forme d’opposition. Nul n’ignore, enfin, qu’il faut désormais sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, alors que la trajectoire de réchauffement climatique que nous empruntons nous inquiète de plus en plus.
Sur ce point capital, le projet Eacop fait l’unanimité contre lui – sa mise en oeuvre générerait 35 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit plus de trente fois les émissions annuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie réunis. De nombreuses institutions financières – dont les grandes banques françaises BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole – ont d’ailleurs refusé de le soutenir publiquement. Tout récemment, le Parlement européen a voté une résolution d’urgence pour demander à TotalEnergies l’arrêt des forages et le report des travaux. Le Vatican a lui-même explicitement condamné le projet, ce qui n’est pas si fréquent, par la voix de son dicastère pour le développement humain intégral.
Dans ce contexte, nous sommes convaincus que l’Église de France ne peut rester silencieuse à propos de la plus grande entreprise de notre pays. Nous prenons la parole aujourd’hui comme membres de cette Église, personnellement touchés par cette injustice. Marqués par la lecture des encycliques du pape François Laudato si’et Fratelli tutti, nous avons la conviction que nous, chrétiens, devons promouvoir une fraternité universelle fondée sur la justice et le respect de la Création. Cette conviction est pour nous renforcée, dans le cas d’Eacop, par les voix qui tentent de se faire entendre depuis cette lointaine Afrique de l’Est, et qui émergent notamment des églises locales. Depuis la publication de Laudato si’il y a sept ans, les initiatives pour amorcer la conversion ecclésiale à l’écologie intégrale ont essaimé : groupes de lecture, formations, retraites spirituelles, déploiement du label Église verte, etc. Nombre d’entre nous avons pris part avec enthousiasme à ce mouvement. L’heure n’est-elle pas venue d’aller plus loin, en nous prononçant sur des options matérielles qui engagent la société tout entière ? À Assise, où se tenait du 22 au 24 septembre l’événement « L’économie de François », le pape a d’ailleurs appelé plus d’un millier de jeunes venus du monde entier à faire preuve d’un « nouveau courage pour abandonner les sources d’énergies fossiles » . Il a particulièrement insisté sur l’urgence de ce sursaut, indiquant qu’il devait avoir lieu « maintenant ».
Une prise de position claire des évêques contre ce mégaprojet pétrolier constituerait une occasion historique pour l’Église de France de s’engager de manière plus concrète sur l’écologie, et de franchir ainsi une nouvelle étape dans son processus de conversion. Nous voulons croire que la parole de l’Église peut encore porter, en se joignant aux clameurs de notre temps !
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Article paru dans La Croix (site web), 12 avril 2023
Deux évêques, Mgr Rougé et Mgr Feillet, répondent à l’interpellation de jeunes militants catholiques écologistes sur les projets de Total en Ouganda. Pour eux, si la question montre l’affrontement de deux modèles différents et pour l’instant non compatibles, il importe de poursuivre un dialogue entre les parties.
Il y a plusieurs mois, 400 jeunes catholiques interpellaient vivement les évêques de France sur un grand projet de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, un oléoduc chauffé de 1 400 km : l’Eastern African Crude Oil Pipeline (Eacop).
Ces jeunes, désireux, au nom de l’ardeur de leur foi, de mettre en oeuvre aussi authentiquement que possible les recommandations des encycliques Laudato si’et Fratelli tutti, nous invitaient à dénoncer avec eux la mise en péril de « la riche biodiversité du parc de Murchison Falls », le déplacement de plus de cent mille personnes « contraintes d’abandonner l’agriculture vivrière » sur le tracé du pipeline, une complicité inacceptable avec « la corruption du régime dictatorial » local et, plus largement, un nouveau renforcement de « notre dépendance aux énergies fossiles, alors que la trajectoire de réchauffement climatique que nous empruntons » est de plus en plus inquiétante.
Transformer profondément notre système de production
Nous prenons cette interpellation très au sérieux. Dans notre déclaration préélectorale de janvier 2022, « L’espérance ne déçoit pas », nous affirmions déjà : « La crise climatique qui menace la vie sur notre planète appelle une transformation écologique. (…) Au moment où les élections offrent la possibilité de définir un nouveau projet collectif, il doit être clair qu’il ne suffit pas d’améliorer notre système de production et notre manière de consommer : il s’agit de travailler à les transformer profondément pour chercher comment produire ce dont nous avons besoin sans pour autant encombrer la terre de déchets ni épuiser ses ressources au risque d’en priver les générations à venir. Nos responsables économiques, industriels, agricoles et politiques doivent nous aider à oser cette transition. Ils ont commencé de la faire mais la décennie qui vient doit être une décennie de changements décisifs. »
Ne pas attaquer nommément les entreprises
En matière de bioéthique comme en matière d’éthique écologique, notre manière d’intervenir dans les débats publics consiste à interpeller et éclairer les consciences, à temps et à contretemps, mais sans attaquer nommément les personnes ou les entreprises. D’autres modes d’interpellation et d’action sont légitimes de la part des fidèles laïcs, à condition qu’ils demeurent non-violents et ouverts à la discussion.
Une écologie authentiquement intégrale et humaine passe en effet par cette éthique, cette écologie de la discussion. Ainsi le processus « Église verte », dans lequel beaucoup de diocèses et institutions chrétiennes sont engagés, intègre-t-il dans son échelle de mise en oeuvre aussi bien des critères écologiques au sens strict que des points d’attention à la qualité des relations humaines.
TotalEnergies versus Laudato si’ ?
Le dialogue engagé tant avec certains signataires de l’interpellation des évêques qu’avec certains responsables de TotalEnergies manifeste que s’affrontent en réalité deux modèles : un modèle de transition, celui de TotalEnergies, qui s’affirme aujourd’hui très engagé dans le développement durable, comme l’atteste le pluriel final de son nouveau nom ; un modèle de rupture avec les énergies fossiles, défendu par les militants de Laudato si’, pour qui il est urgent de prendre plus réellement en compte la perspective dramatique d’un réchauffement climatique accéléré, qui sera sans tarder gravement pénalisant pour toutes les populations, les plus pauvres en particulier.
Les tenants de ces deux modèles ont un devoir de sincérité. Pour TotalEnergies, le développement durable ne peut pas être seulement une posture, comme le redoutent voire le dénoncent certains militants. Pour ces derniers, le refus de tout nouveau projet lié aux énergies fossiles doit correspondre à un choix résolu de sobriété, ce qui est souvent le cas. Comme évêques, nous avons à encourager ce travail de vérité et à continuer d’engager nos communautés sur le chemin d’une sobriété non seulement écologique mais aussi, et surtout, providentiellement évangélique.
Un dialogue doit s’instaurer sur la question de l’énergie
Comment aller plus loin dans notre engagement pour « la maison commune » ? Si un accord ne semble pas immédiatement envisageable entre les tenants des énergies fossiles, à bien des égards soutenus par les pouvoirs publics, et les militants intransigeants de la rupture avec ces énergies fossiles, un dialogue libre, tonique mais respectueux, doit pouvoir se poursuivre, pour préciser encore les points de désaccord et les travailler. Au-delà de démarches médiatiques, judiciaires ou militantes à propos de tel ou tel projet particulier, c’est la question énergétique dans sa complexité et sa globalité qui doit être plus intensément discutée avec l’ensemble de la société civile.
Évêques, nous acceptons de nous laisser stimuler et déplacer par des interpellations militantes enracinées dans la foi et l’enseignement de Laudato si’. Nous encourageons vivement les acteurs politiques et économiques à aller plus vite et plus loin sur le chemin du développement durable. En collaboration avec les épiscopats locaux et le Saint-Siège, nous sommes prêts à favoriser un dialogue plus exigeant et constructif entre tous. Dans la lumière de Pâques, nous croyons qu’une logique de lucidité et de paix peut l’emporter et nous souhaitons y contribuer.
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Article paru dans La Croix (site web), jeudi 27 avril 2023
Total en Ouganda?: « La position de neutralité prudente des évêques est une dangereuse illusion »
Une trentaine de jeunes catholiques réagissent à un texte de Mgr Rougé et Mgr Feillet, publié dans La Croix, appelant au dialogue entre chrétiens sur le projet Eacop (East African Crude Oil Pipeline) de construction d’un oléoduc par TotalEnergies en Ouganda. Pour ces jeunes, le rôle de l’Église est de se positionner plus clairement contre des projets reconnus comme néfastes par les scientifiques.
Le 3 octobre 2022, nous étions plus de 450 jeunes catholiques à demander aux évêques de France de s’engager clairement contre le projet Eacop porté par TotalEnergies en Ouganda. Six mois après cette première interpellation, Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, et Bruno Feillet, évêque de Séez, nous ont répondu par un texte, publié dans La Croix. Celui-ci s’avère décevant, et en deçà des enjeux. Il indique, de fait, une réception partielle de Laudato si’, ainsi qu’une relativisation de la gravité des bouleversements planétaires.
Dans leur texte, nos deux frères évêques se refusent, au nom de la prudence, à émettre une parole précise (ici, contre Eacop) – dont ils délèguent la charge aux laïcs ; leur mission impliquerait qu’ils s’en tiennent à un principe de neutralité, afin de préserver l’unité du corps ecclésial et de ménager les pouvoirs économiques et politiques.
Un diagnostic déconcertant
Mais s’abstenir d’une parole précise est-il, en définitive, possible ? Se refusant à condamner nommément le projet de TotalEnergies, M. Rougé et B. Feillet reconnaissent tout de même au groupe pétrolier-gazier français la capacité d’incarner un « modèle de transition ». Ce diagnostic a de quoi déconcerter. Au cours des six mois qui se sont écoulés, de nombreux échanges ont eu lieu entre plusieurs signataires de la tribune et M. Rougé : nous l’avons encouragé à contacter le Vatican, où les équipes du dicastère pour le développement humain intégral se sont déjà prononcées très clairement, avec l’appui du pape François, en faveur d’une interruption immédiate de tous les nouveaux projets d’extraction d’énergie fossile, avec plusieurs références explicites au projet Eacop.
Nous l’avons également tenu informé des conclusions alarmantes, et sans appel, des derniers rapports du Giec (le plus récent faisant état de la nécessité de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C). Et enfin, nous lui avons signalé que onze auteurs français du Giec avaient analysé en détail la « stratégie climat » du groupe TotalEnergies, et pointé ses graves insuffisances.
Effet rhétorique
La décision de reconnaître à TotalEnergies la capacité d’incarner un « modèle de transition » ne découle donc pas, ici, d’un diagnostic empirique sérieux. Il semble surtout répondre au besoin de créer un effet rhétorique : renvoyer dos à dos ce « modèle de transition » avec le « modèle de rupture » des « militants intransigeants de Laudato si’ » (sic).
Le texte en appelle à la bienveillance mutuelle et à la « poursuite du dialogue » – sans avoir mené un quelconque examen des conditions dans lesquelles celui-ci pourrait avoir lieu, et qui impliquerait au minimum de reconnaître les énormes asymétries de pouvoir entre les parties (d’un côté, un groupe industriel global, dont la force de frappe économique et financière est titanesque ; de l’autre, un modeste collectif de jeunes qui s’engagent tous de façon bénévole).
Pas un malentendu mais un désaccord
En février dernier, quelques-uns d’entre nous furent ainsi conviés à un « temps de rencontre » avec des cadres dirigeants du groupe TotalEnergies, à l’initiative de M. Rougé, non loin du siège de l’entreprise, à la Défense. Pendant plus d’une heure, nos convictions, étayées par le diagnostic scientifique et nourries par notre foi, se sont entrechoquées avec des éléments de langage de l’entreprise.
Quels étaient, au juste, les objectifs de cette rencontre ? Nous avions, en amont, fait part de notre circonspection : avec TotalEnergies, il s’agissait pour nous non de malentendus, mais bien de désaccords – et ceux-ci portaient sur des options fondamentales. Pouvait-on réellement s’attendre à ce que des hauts cadres dirigeants de TotalEnergies décident de changer leur stratégie, illuminés par leur rencontre avec une poignée de jeunes chrétiens sans pouvoir ni influence ? Cette issue semblait plus qu’improbable. Sans grande surprise, la rencontre ne mena donc nulle part – les uns et les autres multipliant, au moment de conclure, les incantations à « rester en lien », à « poursuivre les échanges », dans « la bienveillance ».
« Une dangereuse illusion »
Selon nous, la position de neutralité prudente que cherchent à garder nos deux frères évêques est une dangereuse illusion. En leur offrant la possibilité d’invoquer la nécessité de « poursuivre le dialogue » afin de viser à un consensus dont ni la forme ni le contenu ne sont jamais réellement spécifiés, cette position les éloigne des lieux où se joue, ici et maintenant, le combat spirituel. Cette position du « juste milieu », par ailleurs, est écartée par François lui-même dans Laudato si’, comme retardant « seulement un peu l’effondrement » (§ 194).
Ainsi, à l’alternative entre un « oui » clair et un « non » déterminé à Eacop, M. Rougé et B. Feillet préfèrent une « discussion sur la question énergétique dans sa complexité et sa globalité (…) avec l’ensemble de la société civile ». Qui seront les bénéficiaires d’un tel renvoi à la généralité, si ce n’est les représentants d’une entreprise qui instrumentalisent l’éthique de la discussion en faisant d’elle un paravent pour légitimer des stratégies dilatoires ?
Une situation claire
Sur Eacop, la situation est pourtant claire : d’un côté, un large faisceau d’indices semblent converger dans le même sens – pour indiquer que l’atmosphère de la Terre ne peut plus absorber plus de CO2, que l’Ouganda est sous la botte d’un régime dictatorial et corrompu, que les engagements des multinationales pétrolières ne sont suivis d’effets que lorsqu’ils sont juridiquement contraignants ; de l’autre, les ressources de l’Écriture et de la Tradition nous donnent à croire en un Dieu, Seigneur du ciel et de la terre, proche des tout-petits, donnant la vie en abondance. Celle-ci est, en définitive, le critère qui guide notre discernement.
Dans les périodes de catastrophes, l’Église est appelée à incarner, par la parole et par les actes et en s’opposant aux pouvoirs en place s’il le faut, la vérité cachée de l’histoire : la violence et la domination n’auront pas le dernier mot. Non à Eacop ! Nous interpellons donc encore une fois nos évêques, et avec eux toute la communauté chrétienne, à nous rejoindre pour appeler clairement à l’arrêt des forages en Ouganda.